Les biocarburants brésiliens, une opportunité pour l’Afrique ?

11 novembre 2015

Les biocarburants brésiliens, une opportunité pour l’Afrique ?

 L’internationalisation d’un enjeu énergétique par le Brésil

Les biocarburants représentent un enjeu croissant dans la mesure où de nombreux pays souhaitent réduire leur dépendance par rapport au pétrole ainsi que leurs émissions de gaz à effet de serre. Après les chocs pétroliers des années 70 qui touchèrent très durement le Brésil, le pays a mis en place le programme «Pro-alcool» afin de développer la filière du sucre et la production d’éthanol de canne. Aujourd’hui, nonobstant la situation écrasante sur le marché du pétrole, ce biocarburant est très largement utilisé au Brésil et présente des avantages. Le Brésil souhaite faire de l’éthanol de canne un produit commercialisé à l’échelle mondiale. De fait, il développe de nombreux partenariats avec les pays du Sud et particulièrement en Afrique.

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L’impact économique positif de l’éthanol de canne brésilien
L’objectif premier de ce biocarburant était, au moment des chocs pétroliers, de réduire la
dépendance énergétique du Brésil envers le pétrole. De fait, il est important de comparer le coût de l’éthanol par rapport au pétrole. En effet, souvent, les biocarburants semblent une alternative intéressante lorsque le prix du baril est très élevé. Dès que le prix baisse, l’intérêt pour le biocarburant décroît. C’est ce qui s’est passé en Europe au 19e siècle ou l’éthanol était utilisé. Cependant, il disparut peu à peu en raison d’un pétrole très bon marché. De même, comme nous l’avons vu précédemment, l’éthanol de canne brésilien devint moins attractif dès que le prix du baril du pétrole diminua. L’un des avantages de l’éthanol de canne est son faible coût de production. En incluant l’ensemble
des intrants et les facteurs de production, son coût se situe entre 0, 25 et 0, 30 dollar le litre, ce qui équivaut à un prix du baril de pétrole situé entre 44 et 47 dollars.
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Une solution pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre
Il est important de souligner que la mesure avec laquelle un biocarburant peut se
substituer à un combustible fossile dépend surtout de la manière dont celui-ci est produit.
Etant donné que la majorité des technologies de production supposent l’utilisation de
ressources fossiles, le bénéfice associé à l’utilisation d’un biocarburant dépend de l’économie d’énergie non renouvelable qu’il procure par rapport à son équivalent fossile.
C’est en cela que les biocarburants produisent des effets très différents sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En effet, l’éthanol peut être constitué à partir de la culture du blé, du maïs, des betteraves ou du manioc par exemple. Le bilan énergétique est alors très diversifié.
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Comparaison de différentes matières premières pour la production du Bioéthanol en 2012. BNDES Rio.
Le bioéthanol brésilien : une opportunité pour les pays africains ?
Le Brésil affiche sa volonté de créer «un marché mondial de l’éthanol de canne». L’objectif est que de nombreux pays l’utilisent. Les pays en développement s’intéressent à l’éthanol
brésilien.
C’est vers l’Afrique que le président Lula s’était tourné particulièrement. En effet, en raison des forts liens culturels qui unissent les deux continents et de la volonté de Lula d’avoir une coopération dynamique avec les pays africains, le bioéthanol intéressent des dirigeants africains. De nombreux pays possèdent d’importantes quantités de terres agricoles, ont un climat chaud, propice à la culture de la canne. Le bioéthanol permettrait également à de nombreux pays sans pétrole de réduire leur dépendance. De fait, des pays comme le Mozambique ont signé des accords sur les biocarburants.
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L’intérêt pour les biocarburants en Afrique n’est pas récent. Depuis les années 80, des
initiatives existent. Au Malawi, depuis 1982, la société Ethanol Compagny of Malawi
(ETHCO) fabrique de l’éthanol à base de mélasse de canne à sucre à des fins combustibles. Au Zimbabwe, un programme de bioéthanol combustible est lancé en 1980.
Plus récemment, au Ghana, a été mise en œuvre une unité de production d’une capacité de 150 millions de litres annuels de bioéthanol de canne. L’Embrapa, un bras du ministère de l’Agriculture s’est installé dans le pays afin de favoriser le développement du biocarburant.
On compte actuellement au moins 11 pays africains qui créent des règles pour la production et la commercialisation du bioéthanol, en Afrique du Sud, en Angola, ou au Mozambique. La majorité souhaite adopter le mélange de 10 % de bioéthanol dans l’essence.La production de bioéthanol en Afrique fut de 439 millions de litres en 2006, provenant à 89 % de l’Afrique du Sud. Les ministères des Affaires étrangères
et de l’Agriculture brésiliens ont encouragé la plantation de canne à sucre et de distilleries
dans des pays comme le Botswana, le Congo ou encore le Gabon.Cependant, d’importants obstacles existent au sein de nombreux pays africains afin de développer à grande échelle l’éthanol de canne. Beaucoup de pays, comme en Amérique latine, connaissent des problèmes au niveau de la propriété de la terre.
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La canne nécessite de très grandes parcelles alors qu’en Afrique, beaucoup de
paysans exploitent de petites surfaces. Le problème de la mécanisation est central. En effet, pour être efficiente économiquement, la culture de la canne demande un niveau élevé de mécanisation. Or, peu de pays ont une agriculture très mécanisée. Les pays devront faire face à ces difficultés afin de développer l’éthanol de canne. Il faut donc bien penser l’agriculture en Afrique, surtout sur le plan mécanisation. Il jamais tard pour mieux faire en Afrique cette terre d’espoir !

Appui Coppe/UFRJ, Anne Sophie Alsif, SPETRO NUCLEAR, FORUM CONGO CONSTRUCT
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